Art Frontalier
Favarica – Artiste Frontalier
Article de Pierre Souchaud écrit en 2000
Samuel Favarica appartient assurément à cette famille dispersée, à cette diaspora difficilement cernable des créateurs dits singuliers, hors‑normes, marginaux, bruts, autodidactes, borderline, trash, hip‑hop, etc. : Tous issus de friches périphériques, incertaines, brumeuses, frontalières.
Ils sont aux frontières, en effet, du bon goût imposé, de la bonne santé physique et mentale, du bon ordre socio‑économique, de la bonne moralité et de la normalité auto‑satisfaite.
Si l’on parle à leur sujet de spontanéité, c’est qu’ils naissent hors des systèmes de référence dominants, loin des grandes machines centrales à fabriquer du produit artistique labelisé, officialisé, aseptisé (avec mention obligatoire de traçabilité, calibre et date de péremption). Leur existence vient d’ailleurs. Elle est à la fois imprévisible et nécessaire. Elle s’engendre au plus profond de l’être individuel. Elle est nécessité intérieure. Et c’est ainsi que ces artistes possèdent une grâce ou une vérité mystérieuse qui échappe aux mécaniques, qui dépasse les clivages socio‑culturels et qui appartient à tous.
L’œuvre de Samuel Favarica est à cet égard exemplaire de cette exploration de soi, qui permet, par une transcendance de la difficulté d’être au monde, par une mise en forme de la douleur intime, par le détournement des objets et des images mythiques de la modernité, d’être l’expression d’une sensibilité contemporaine globale.
C’est à ses frontières que le réel prend sens.
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